Conversations (EP#1)

by Fugue

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1.
Déshumanisation (Fugue) L'autre jour, sous un abri-bus, Y'avait une pub pour Tinder, avec une nana. Et écrit: liberté d'explorer. Dans mon cœur l'hécatombe, L'horreur, les catacombes, Une ombre, une catastrophe ondule aux profondeurs de la poche de mes ventricules, A cœur sanglant discours poignant, je sens comme je perds mes proches, Les sens cessent et le sang saigne, essayons de délivrer l'essentiel. La nuance entre explorer et consommer est mince dans les cerveaux, mais est immense dans les dicos, A l'heure où l'on consomme les filles, on consume les cœurs, on exploite les peurs, Tu peux changer l'ordre des choses, inverse ma prose, tu tomberas toujours sur les mêmes conséquences, tout meurt c'est un putain de bordel, un ouragan de poussière humaine gavée aux plastiques et pesticides. J'ai besoin d'une épaule pour pleurer, pour évacuer; parce d'abord rien que d'y penser ça prend aux tripes à l'estomac, jusqu'à l’œsophage, On a la gerbe à chaque heure, on croit chaque faire table rase, l'échéance n'est que repoussée. Il y a les âmes sous les ponts, sous les abris-bus, ceux qui se donnent et ceux qui se livrent, couchés sur une bouche d'aération à la recherche d'un ailleurs, de la chaleur, dénués de peur, privés des leurs. Ils dénudent leurs cœurs ou reste menhirs ambulants, statufiés, la main tendue que t'en d'autres souhaiteraient couper. Tant d'autres comme nous, Contemplatifs de notre déclin, inactifs face au destin, c'est un bien sombre dessein qui se crayonne en ligne de mire, le monochrome de l'humanité ne serait-il qu'une épée dessinée au-dessus d'une population déjà à moitié décimée ? 2100 s'annonce tranchant mais que dire du funeste présent ? La mélancolie de l'ère d'antan résonne dans les assemblées, le croissant fertile était-il plus juste que la croissance futile ? La richesse comptable n'empiète-t-elle pas déjà sur celle des âmes ? Depuis que les espèces sont synonymes de liquidités plutôt que de variété, la société collective qui pu fût un temps être dominante est reléguée par une course en œillères à s'élever sur des valeurs uniquement numéraires Et Damoclès qui rit fort, qui rit fort... Et qui nous enterre.
2.
Il est minuit (Fugue) Il est minuit, seul dans ma rue je rentre au métro, au gré des rues je passe sous chacun des échafauds avec l'espoir un peu lâche Qu'un plateau lâche et m'arrache ce supplément d'âme qui me reste qui s'accroche à ma veste et à mon inaccoutumance à faire du mal aux gens y compris à moi même volontairement. Ce serait pas de chance, ce serait le destin, je prie pour la première option, car la lointaine vue de l'esprit me dit que l'espoir c'est la vie et la vie c'est le destin. Un syllogisme dirait que je n'ai plus de vie, je ne compte plus que sur ma chance On est tellement à marcher dans la ligne du caniveau A zigzaguer entre les pavés de pisse à s'écarter au plus des clochards allongés Tenir le haut du pavé, tu parles, j'en ai eu plus dans ma gueule que sous mes pieds, C'est fait des mois que je ressasse le passé, je m'enfonce dans en enfer chaque jour un peu plus qu'hier, l'extérieur est un désert de sables mouvants, l'extérieur est une jungle en mouvement, peuplé de regards pétrifiants J'arpente la rue comme je peux sur un trottoir glissant, le temps s'écoule et les larmes figent et jamais ne me quittent, je porte ma tristesse en stalactites, à quand ma rencontre avec un alpiniste ? Je vis fermé dans mes regrets, peuplé des si et suivi des mais. Je n'en suis jamais certain si ce n'est que je ne sers à rien. Système vicieux, rictus baveux, il faut que je multiplie ma dose par deux, l'apothicaire sera heureux. Comment prescrire l'échappatoire dans un monde illusoire ? Je suis un voyageur fossilisé devant l'aquarium. Hormis l'écharpe encordée en réflexe désespéré, les issues sont toutes obstruées, il serait tant que l'humanité (bouffe de) l'imodium. Tu vois moi le soir je joue avec moi-même, La solitude rend peut etre fou à force dans les habitudes, Je ne sais pas ce qu'il en est de mon attitude, Mais je choisis une bouche de métro choisie au hasard, Au gré des pas, venu le soir, Et je me dirige coup-ci coup-ça, un peu hagard, historie de passer le temps de choisir. Je me ballade je ne sais pas ce que je cherche Si ça se trouve c'est juste moi que je cherche Je passe quelques heures comme ça dans le vide, A écouter le ronflement des moteurs, Les bruits aiguë des cyclomoteurs Une voiture de collection à gauche, Un livreur de pizza à droite, Des amis qui se côtoient, des amis qui se retrouvent, Des amants qui se perdent des amours qui se créent Ou des amants secrets, Et moi je regarde spectateur de la fourmilière parisienne, Qui devient une scène de théâtre ouverte venu le soir venu la nuit Quant à la seule lueur des lampadaires, Chacun est poursuivi, Personne n'est isolé, Je me demande si un lampadaire me poursuit moi, Je me demande si je fais partie du décor. Au milieu des grands bus et des grandes discussions de bar, Je me ballade tout seul sur mon grand boulevard A chaque nouveau pas je me rétrécie, A chaque nouvelle terrasse, ... s'obscurcit Et je me fais plus petit. Jusqu'à enfin retrouver ma grande porte où je perds la vie.
3.
Estuaire 02:13
Estuaire (Fugue) Puisqu'il faut qu'on s'aime, Puisque le cœur le dit, puisque l'envie aussi. Il faudrait ton accord, écrit ou dit au parfum chrysanthème. On nous a souvent récité des comptines, avec les grandes chevauchées, épée dans le fourreau et maille sur le dos, J'ai longtemps cru que les œillères suffiraient pour te croire immune. Un mont, une mer, des moments d'été et seulement un hiver. Puisqu'on se quitte ainsi puisque c'est la vie, l'épilogue du récit, quand la stéréo s'éteint, que la paire s'effrite et que le mythe s'effondre. Et pourquoi le faut-il, Qui est le fautif ? Épicurienne et puis plus rien, Un jour une saison, Sans lendemain, J'ai cru comme un enfant, merveilleusement ébahi bras ballants et cœur soufflant, que ta venue à petits pas apaiserait les épuisements quotidiens. J'ai voulu mon rêve adolescent, tête penchée et yeux baissés, te voir relever mon visage d'un doigt d'une main de velours l'amenant aux nuages, te faire la cour curieusement et naïvement. Vouloir te croire, te voir comme un espoir, comme un miroir, les nuances de mes instincts barbares calmées d'un seul regard Puisqu'il faut te rejoindre, plonger dans la mer, attendre sur l'estran que l'océan me rejoigne que dans un dernier souffle mon cœur s'empoigne, que le monde s'éloigne et qu'enfin nos âmes s'enlacent Zébré de tes griffures, les cicatrices laissées perdurent, Lacéré... Noué, Place à la dérive, aux courants marins, il s'agit d'une seconde vie, virevoltante magie, j'entends enfin la houle qui rugit, Puisqu'il faut bien mourir, Pour être tien, Pour te chérir.
4.
Dynastie 05:20
Dynastie (Fugue) C'est dans les histoires d'antan, Qu'on puise les romans envoûtants, La source aux tréfonds de la terre, Sous les gouffres calcaires. Si le peuple voulu qu'on l'entendit, C'est qu'il y voyait sa morale, Dans un soupir de fin mépris, L'empereur accepta cet oral, Maudit méfait occidental, De croire qu'il outrepasse, Les règles et les scandales, Sous l'égérie de la menace. Caché dans de lourdes ambitions, Lointaines sont les images passées, Mais, souvenir d'une rébellion, Réveille la raison, A défaut de croire, Il faut parfois voir, Penché du haut de son perchoir, La chute serait infernale, Pourtant sous les multiples inquisitions, Inquiet il tend sa coupe de mulet, Instant bref instant fatal, L'opinel dans la nef livre le sang royal, Déluge et des larmes, Sur l'innocence des minots, Venu assister penaud au triomphant salut, Immaculés et martelés, Ils s'écroulent sur le sol, Une colombe tirée au vol, Sous bombes Aranéides, Malgré l'école télématique, Les jambes toujours flageolent Fussent-ils entraînés devant leurs écrans, De quel droits des bien plus grands, Déchirent leurs sentiments, Sous l'envie d'être participants, Ils deviennent complices, Des mines blafardes des mineurs aux rires effroyables de auteurs, La place est bien minée, le moral décimé Les meurtres prémédités ne sont que cécité, qu'on vienne ou non de la cité, qu'on vienne ou non des beaux quartiers. La parole est poudrière quand ils étalent leur venin. Les serpents des réseaux sont devenus cracheurs de feu. C'est dans les histoires jaunies, Que s'écrivent les prophéties, Parfois ahuries ou vieillies, S'y croisent en dépit, les cycles innombrables, qu'on porte comme des cartables, Des petits écoliers, des novices, On croule sous la nature et sous nos vices, instincts primaire de dévastation, instincts pervers de désolation, A cette heure, on pleure ce que l'on perd, Et on perd ce que l'on est, la fin est proche quand on se pleure soi-même, La fin finalement, disons-le, est peut-être belle, Un passage un instant bref mais sauvage, comme un envie soudaine, Comme un humain, impulsif et reptilien dans sa manière d'être anticonformiste, Qui décide de ses règles et de son monde, qui a le possessif présent, et l'indicatif constant. Dans les brûlures passées, dans les plongées en apnée, à l'apogée de son investiture, sapiens se tue, alors que le monde mue. Mutée, matée et accablée, Nature grince C'est dans les histoires d'avant, Que s'emmêle les liens du sang, Dans les abysses de nos vœux, Dans le creux de nos cœurs lisses, Il était jeune mais moitié vieux, Ceux qu'on observe l'oeil de travers, On y louche hasardeux, Espérant percer le mystère, A défaut de jouer l'aiguille, L'importance d'être n-taire, ou que le ratio soit la racine entière, On s'en fout un peu tant que la somme fait la paire, L'habit ne fait pas le moine, l'âge ne fait pas la raison, Il en aura fallu des heures, à battre le fer, pour admettre que la beauté du monde est bien plus profonde quand on s'y plonge à plusieurs. Il en aura fallu des siècles, pour voir l'unité d'une espèce, qu'importe les divergences, l'union fait tourner la planète, C'est dans les histoires d'aujourd'hui, Que résonnent les sons des fusils, Enfant, c'était une amie, une sœur, un bonbon, un délice, elle croquait si bien la vie, qu'Adam l'aurait jalousé. Une vie bien entamée dans des draps satinés et repassés du dimanche. Droite dans ses kickers et vas y que j'alterne le rouge et vert, donne à ceux qui font la manche et marche à l'amble, été comme hiver. Une force de la nature du haut de ses dix balais, elle aspire aux hautes sphères comme jamais, c'était ce que tous disaient. Que tous se disaient mais jamais n'en parlaient, c'était bien gardé comme secret. De peur et de connerie, le plus simple c'est de chercher le conflit, de reprendre les autres plutôt que d'en apprendre, de reprocher ce qu'on désire approcher. La détestation des idoles à de beaux jours à venir, à renverser le symbole plutôt que de le soutenir. Si jeune si tôt, ça ne manqua pas et le collège lieu de traîtrise et d'immondices à fait de sa vie un aller simple au précipice. Sage, brave, intello et chaste, sont quotidiennement les mots des iconoclastes. Le mal qu'il fait c'est une fêlure, qui se propage de jour en jour, comme un orage qui gronde au loin, et vers lequel, contre toute raison, on continue de se diriger. De part et d'autre du chemin dressé vers l'obscurité, se distinguent les alternatives putrides La fumette et les seringues, On lui réclame un fric de dingue, Dans son cerveau c'est la jungle Bien plus profond qu'une balle de revolver L'amène aux bas-fonds du cimetière Bien plus sépulcrales, Les belles effigies s'effacent et s'éteignent, Rien n'est éternel malgré la requête de l'Eden.
5.
Dispute 02:56
Dispute (Fugue) Comme chaque jour et chaque matin, Ces gestes se répètent sans fin, La redondance est la ronde des rêves, Cette chose est cauchemardesque. Se laisser voguer par l'éternel chavirement du train Côtoyer la rame extérieure, et la brume intérieure, Sous les halos de la lumière du dehors. Je cherche l'harmonie, je suis en quête, Permanente comme un petit dernier, Je veux être gâté, je veux l'attention, On m'a toujours dit "pour te soigner, Tu peux écrire tes mots" Saigner la page à l'encre rouge, Elle te le rendra bien, Dévaste tes cahiers de ta douleur et de tes lignes tourmentées, de vers psychédéliques, de termes incompris sois le Van Gogh des phrasés Ne les termine pas, laisse les en pans, N'utilise pas l'Alexandrin, Ne cherche pas la technique, Si ça te plait, si ton cœur se vide, Tu n'en seras que toi davantage. Qu'en sais-je après tout, qui pourra me dire le contraire ? Alors il faut écrire, vider les stylos, Remplir les lignes, pour vider les flots, Recharger l'encre pour sécher les larmes, et regarder défiler les verbes juxtaposés, les hémistiches et acrostiches téméraires. Se prendre pour Apollinaire, En ne partageant que l'appeau, depuis l'élémentaire, Savoir, tenir la plume sans l'inscrire dans le marbre, Voir dans son cerveau les combinaisons des vers, de tous les héros. Être si triste à en faire rire les gens, à jouer de sa personne, pour ne pas assumer les faiblesses, Perdre le contrôle et la trajectoire prévue depuis cette discussion avec papa sur un trottoir, Voir ses rêves de papiers brûler, la vie défile comme la ville à bord d'un TGV, J'ai perdu la notion du temps et le temps des actions. Je suis resté longtemps seul sur ce banc, A t'attendre, un mois, un jour, peut-être un an. Tu m'es apparue, comme une rosée un matin, belle et soudaine, Tu étais l'étincelle qui avait le secret de raviver mon cœur, Et alors soudain j'ai perdu toute ma peine Tu te souviens comme nous tournions, nous valsions... A en perdre la tête nous nous aimions. Un beau matin, sur ton message laissé, j'ai vu une tache, Une larme me faisant comprendre que c’était l'épilogue, D'un roman que nous avions pourtant écrit à quatre mains, A deux âmes, à l'unisson. On avait tellement appris, Nous étions si soudés, Si proches, six inséparables, il ne nous manquait rien. Le désespoir n'est parfois qu'illusoire, on recherche toujours plus, Alors que le bonheur est au bout de nos doigts, Quand on le touche et qu'on s'en délecte, Finalement on le prend à pleine mains oubliant les épreuves traversées On ruine nos efforts d'une simple gourmandise. Il faut faire semblant maintenant Esquisser le sourire, creuser la fossette Faire acte de présence mais vouloir disparaître Se revêtir de son drap blanc, Errer comme une âme en peine, Invisible aux yeux de tous Car évité soigneusement.
6.
Egérie 04:27
Égérie : Je veux qu'on fasse l'amour torride, intensément à souffle court, tambour battant le cœur rapide, insaisissable instant velours, De volontés et volontiers les mains se joignent le monde s'éloigne, que l'on se trouve dans un jardin, sur un coussin soir ou matin. Que les gouttes de sueur perlent sur nos peaux, que les saveurs charnelles s'accumulent à nos griffures au dos Émus, aimants ces beaux émois, Amants et paresse sur les draps, Amour et caresses sous les toits La longue tresse de notre union, C'est du chanvre douceur coton, Qu'on se l'accorde, qu'on s'harmonise, Miséricorde à nos églises, L'Insoupçonné duo du plaisir, File à l'indienne quotidiennement, Le tissu de nos désirs, La natte des sentiments, Révisant pour certains soirs, L'anatomie ou bien l'histoire, A la récolte des soupirs, Nous cueillons l'essence de vivre De l'essence de nos huiles, Le désir au cœur des îles Chaque vendredi des robinsons, Des caillasses que nous gravons, L'infinité que nous croisons, Dans un delta sur un radeau, tatoué de l'écorce d'un séquoia. Se couvrir d'immatériel, De sensations et d'émotions, Trouver l'absolu dans le sensuel, Que nous énumérons, Rejetons de Sartre ou de Camus, Comment redorer nos écus, Des familles antagonistes, Qui se désignent comme complices Comme un conte d'Andersen, Une tragédie du 16ème, Remettons les pendules à l'heure, Des temps au tempo de nos cœurs, Une histoire contemporaine, De nuits blanches à en perdre haleine, Dans le goût de nos épidermes, L'échappatoire où l'on s'enferme Modernes roi et reine, Qu'enfin l'absolution advienne, Mais... Je veux qu'on fasse l'amour torride, intensément à souffle court, tambour battant le cœur rapide, insaisissable instant velours, De volontés et volontiers les mains se joignent le monde s'éloigne, que l'on se trouve dans un jardin, sur un coussin soir ou matin. Dans les notes de ton rire j'y ai trouvé mon harmonie, Elle résonne comme l'écho, D'une levée de sirocco, Donnant la folie et le chaud, Elle peigne d'un jaune mielleux, Nos cieux orageux.
7.
Sur le fil 04:54

about

2020/2021

credits

released February 19, 2021

Mixage et mastering : Jéremie Carlet,
sauf "Minuit" mixée par Frédéric Bourreau.
illustration : Cerize Fournier.

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Fugue, c'est une libération, c'est un essai, c'est l'école buissonnière, c'est l'histoire de la recherche d'un idéal.

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